Ouverture ou repli identitaire ?

12 Janvier 2024

Vendredi, rentrant chez moi après une réunion du « Collectif Logement Rhône » je pris un bus et un Monsieur, déjà un peu âgé (C’est-à-dire pas beaucoup moins âgé que moi) et coiffé d’une casquette ornée du drapeau algérien, s’assit un peu plus loin … puis, m’adressa la parole en me disant de loin : « Shabat shalom ».

Il est vrai que mon look peut prêter à confusion

Sans avoir le temps de manifester mon étonnement, il quitta son siège et s’approcha de moi en me disant à voix basse « Je suis Juif par ma mère ». Il fut, manifestement, fort surpris que je lui réponde calmement « Mais, je ne suis pas Juif ! ».

Bien sûr cette réaction est plutôt sympathique et être pris pour un vieux Juif, alors que je suis barbu depuis plus de quarante ans et que j’aime juste mettre mon crâne à l’abri du froid, ne risque pas de m’offusquer … mais cela m’amuse.

Cela m’amuse, certes, mais me pose aussi beaucoup de questions.

Pourquoi a-t-on tant besoin de se raccrocher à des communautés liées à une origine ethnique, religieuse, raciale ? … alors que les véritables différences entre nous correspondent à beaucoup d’autres critères … et que nous sommes si profondément identiques.

Pourquoi donne-t-on une telle importance à l’apparence, facilement repérable, par rapport au fond qui suppose de connaître réellement la personne ? Ce Monsieur, arborant le drapeau algérien sur sa casquette, n’a pas su la sympathie que j’ai pour les Algériens.

Pourquoi cet homme a-t-il eu le besoin de justifier une attitude positive à l’égard d’un « Juif supposé » par le fait d’avoir un membre de sa famille appartenant à une autre communauté que cette qu’il affiche sur sa casquette ?

Quelles violences latentes entre communautés, dans ce besoin de dire « je ne suis pas ce que vous croyez » !

Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour comprendre que nous sommes « libres de nous vêtir comme nous le voulons et que notre tenue ne nous définit pas » ; que ‘nous sommes « tous égaux sans hiérarchie entre catégories sur quelque critère que ce soit » ; que, « présents sur cette Terre, nous sommes, de fait, tous frères et sœurs ».

Je suis descendu du bus avant cet Algérien à casquette … et, en descendant, je suis passé devant lui et je lui ai juste dit, en lui touchant la main « Bonne journée à vous ». Je me demande encore s’il a vraiment cru que je ne suis pas Juif.

Jean-Paul BOURGÈS 13 janvier 2024