La première victime de la guerre

29 Mars 2022

Même si, comme je le répète depuis un mois, les morts en Ukraine ne doivent pas nous servir à effacer complètement de notre vue les morts civils d’autres guerres comme au Yémen, il est évident que l’Ukraine est martyrisée ce qui entraine un nombre de déplacés en Europe jamais vu depuis 77 ans.

Mais, à quelques jours d’une élection présidentielle, n’oublions pas que la situation géostratégique actuelle est en train de faire une victime … c’est cette bonne veille Terre sur laquelle nous vivons.

Lorsqu’en 1986, se produisit l’accident nucléaire de Tchernobyl, à 100 km de Kiev, nous fûmes sauvés des conséquences dans nos pays grâce au fait que Charles PASQUA (Il était à cette époque ce ministre de l’Intérieur qui prétendait « terroriser les terroristes ») sut, par son seul verbe, faire s'arrêter le nuage radioactif très exactement à nos frontières.

Charles PASQUA étant décédé, nous ne pouvons plus compter sur lui pour sauver la planète, que cette guerre menace gravement de diverses façons.

Comme dans tous les conflits armés, l’ensemble des bombardements se traduit par la libération dans l’atmosphère de grosses quantités de polluants divers qui franchissent plus facilement les frontières que des étudiants africains ayant eu la mauvaise idée d’aller étudier en Ukraine.

Mais, surtout, la crise de l’énergie qui découle de la fin prévisible de la contribution du gaz russe au chauffage de nos maisons, entraîne un oubli immédiat des engagements naguère pris dans l’euphorie et, n’ayant pas été assez actifs pour recourir à de l’énergie renouvelable, les pays européens se préparent non pas à un bon en avant … mais en arrière avec, par exemple, la remise en fonctionnement de vieilles centrales et l’appel massif à des sources d’énergie fossile en provenance des Etats-Unis.

Fort heureusement cette sale guerre (Aucune guerre n’est jamais propre) devrait bientôt s’achever puisque les négociations entre Russes et Ukrainiens semblent progresser. Les effets sur notre planète seront certainement très forts sur le long terme en nous faisant reculer alors que le dernier rapport du GIEC tirait la sonnette d’alarme et plaidait pour une sensible accélération de la conversion aux énergies-vertes alors qu'on va rouvrir des centrales à charbon. Oui, à charbon, c'est à dire le summum de l'émission de gaz à effet de serre.

C’est un peu « Adieu veau, vache, cochon, couvée » pour l’énergie

N'ayant plus le temps de progresser, on va donc régresser en faisant flèche de tout bois et, d’ici peu, on se rendra alors compte que la première victime de cette guerre, aura été « la Terre » … c’est-à-dire nous tous.

Jean-Paul BOURGÈS 30 mars 2022