24 Mars 2020
Au moment de dîner, le dimanche soir de la semaine I de l’an I du confinement covidique, j’inscrivis, malgré son absolue inutilité, « encore » au-dessus du « RIEN » précédemment marqué, il y a une semaine, sur le tableau qui figure toujours dans notre cuisine.
C’est totalement inutile, puisque ce tableau, habituellement rempli pour l’un et pour l’autre, nous permet juste de savoir à quels moments nous serons présents tous les deux et, en fonction de cela, organiser nos repas (Seuls ou à deux) … mais comme nous ne quittons plus le « huis clos », cela ne nous servira donc pas. Le « RIEN » ne nous ferait-il pas peur et ne s’agirait-il donc pas de l’exorciser ?
Si cela continue, dans deux semaines, j’aurai une histoire de Toto à vous raconter à propos de « Rien » ... patientez un peu.
Pour l’instant, boucler la première semaine de confinement me suffit pour vérifier à quel point nous sommes des animaux sociaux … ayant autant besoin de contacts que d’air et de nourriture.
C’est ce qui fait de « Robinson Crusoé », publié il y a trois siècles par Daniel DEFOE, une œuvre géniale par sa description des effets mentalement déstructurants d’une vie sur une île déserte … en même temps que de l’incroyable capacité de survie en tirant parti de tout ce qui permet de tenir bon (Un autre livre, cent ans plus tard, « Le Robinson suisse », de Johan David WYSS, avait abordé le cas d’une famille entière naufragée sur une île … sans traiter aussi bien l'effet de la solitude, ni, bien sûr, l’inévitable inceste (Oh ! Shocking indeed), permettant la survie au-delà de quelques années, par la recréation d’un cadre de vie satisfaisant et la perpétuation de l’espèce). J’ai lu ce livre alors que j’étais adolescent, et je l’avais beaucoup aimé.
Mais revenons-en à nous, en 2020, dans le 9ème arrondissement de Lyon.
Chacun est et reste chez lui. Peu de voitures passent dans la rue. De temps en temps quelques enfants descendent faire du vélo ou du roller sur la surface plane au-dessous de laquelle sont les garages d’où ne sortent plus nos voitures que nous oublions presque.
Notre vie s’est réduite, avec l’énorme avantage de ne pas avoir de souci financier puisque nos retraites continueront d’arriver sur nos comptes (Ce n’est pas du tout le cas de ceux qui doivent travailler pour pouvoir payer leur loyer … et qui sont empêchés de le faire … comme notre fille, Anne, dont tous les spectacles et les cours de théâtre sont annulés). Devenus paresseux par contrainte, nous luttons faiblement contre l’oisiveté par des tâches domestiques et en entretenant ou renouant des échanges avec de nombreuses personnes.
Il n’y a qu’une semaine que nous sommes confinés. Seulement … alors que ça me paraît plus ancien ? Ou déjà … lorsqu’on croit, naïvement, que cela ne durera pas longtemps ?
Jean-Paul BOURGÈS 24 mars 2020
Ces petites chroniques du covid19 me seront utiles, dans plusieurs mois, pour éviter de transformer le souvenir flou que j’en aurai.