10 Janvier 2020
J’aime beaucoup plus la sculpture et j’apprécie des statues d’époques fort différentes. Je trouve très émouvantes l’émotion et la sensibilité qu’un sculpteur réussit à tirer d’une matière aussi inerte et glacée qu’un morceau de pierre, de bois, d’os ou de bronze.
Alors, ce soir, j’ai décidé de passer en revue sept de mes sculptures préférées qui vont du paléolithique jusqu’à notre époque.
Le plus extraordinaire pour moi c’est dans deux toutes petites sculptures datant de l’âge des cavernes que je le trouve.
Taillée il y a vingt-cinq-mille ans dans de l’ivoire de mammouth, la « Dame de Brassempouy » (Nous n’avons que sa tête qui fait moins de 4 cm) est, à la fois, d’un réalisme sidérant, en particulier par un regard incisif, et extraordinairement stylisée puisque le visage n’a pas même de bouche. De même qu’en regardant les peintures dans les grottes de cette même époque (Ce sont les musées que j’aime le plus), on ne peut pas douter que celui ou celle qui a taillé cela ait été doté-e d’une grande sensibilité et que son art visait l’éternité.
Datant sensiblement de la même époque, c’est la « Vénus de Willendorf » que j’aime contempler.
Certes, ses rondeurs sont « généreuses » mais on peut imaginer qu’elles sont la conséquence de nombreuses grossesses (Plus que la consommation de burger et de Coca-Cola) et nous sommes probablement nombreux à posséder dans notre ADN des traces de cette très lointaine ancêtre, qui n’avait pas de gêne à exposer son anatomie exprimant une fantastique vitalité et qui nous a transmis ses gènes.
Quittant le paléolithique, c’est à trois-mille-cinq-cent ans avant notre ère, en Egypte, que mon goût de la sculpture me conduit avec une œuvre symbolique représentative du rapport que les humains ont avec la mort.
A mi-chemin du figuratif et du pur symbolique, j’admire cette figurine d’une trentaine de centimètres de haut que l’on peut voir à Lyon, au musée des Confluences. Il y a quelques semaines, je suis resté pendant plus d’un quart d’heure à la regarder … et, du coup, j’ai perdu le contact avec ceux qui parcouraient le musée avec moi.
Classicisme, pureté des formes, hyper-réalisme … la « Vénus de Milo » est, bien évidemment tout ça. Ce que j’apprécie le plus dans cette statue privée de bras, c’est l’impression de sérénité qu’elle dégage … et qui suggère que la perfection peut nous conduire à sortir de nous-mêmes comme ce regard baissé et calme semble l’exprimer.
Quittant les temps très anciens, c’est ensuite vers trois sculpteurs bien plus récents que je tourne mon regard.
Tout d’abord ce génie, débordant d’une vitalité dont Camille Claudel eut à souffrir, Auguste Rodin. Lorsque j’habitais à Paris, je me suis maintes fois rendu au musée Rodin, près des Invalides. Chacune des œuvres de ce géant de la statuaire est captivante par la densité charnelle qu’elles contiennent toutes. Mais ma préférée c’est ce groupe intitulé « Les bourgeois de Calais » … où chaque personnage traduit une façon personnelle d’affronter la mort … dans le sacrifice pour les autres.
Deux autres sculpteurs ont, pour moi, une importance particulière.
Tout d’abord, Constantin Brâncuși, que Maly aime beaucoup également (Mais n’est-ce pas parce qu’il était Roumain, où Maly aura toujours une partie d’elle-même?). J’apprécie énormément son style épuré où quelques lignes et formes font apparaître un univers de sentiments, comme dans son fameux « Baiser ».
Pour boucler le passage en revue de mes sept œuvres préférées, c’est avec une sculpture unique et inégalable d’Alberto Giacometti que je vais terminer ce petit musée intérieur … qui peut me faire oublier toutes les horreurs.
L’homme a-t-il d’autre perspective … que de marcher ? Parfois sans savoir vers où il va !
Jean-Paul BOURGÈS 10 janvier 2020