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C’est pas si chinois à comprendre

Depuis des décennies les bons apôtres du libéralisme tentent de nous faire rentrer dans le crâne que le progrès économique est indissociable du libéralisme économique dont l’adage favori est « laissons faire le marché … il saura toujours choisir les meilleures décisions ».

Cette philosophie politique eut son Vatican, chargé de veiller à la pureté doctrinale … et le centre de cette « église universelle » se situait à l’université de Chicago, qui inspira Ronald REAGAN, Margaret THATCHER et les « penseurs » de l’Union Européenne qui réussirent si bien qu’ils laissèrent ce fameux marché vider les pays européens de leur potentiel industriel au profit de la Chine et de l’Inde principalement.

L’Europe dégrada tellement son appareil de production qu’il fallut que la crise sanitaire nous fasse prendre conscience qu’on ne savait même plus fabriquer des masques et la plupart des produits pharmaceutiques usuels que payait pourtant la Sécurité Sociale de nos pays.

On entendit, alors, des propos surréalistes dans la bouche de ceux qui avaient toujours applaudi aux délocalisations qui permettaient aux consommateurs européens de consommer toujours plus de produits qui avaient été créés ailleurs. Ils parlèrent soudain de re-industrialisation sans dire comment faire … comme si celle-ci pouvait se produire sans mise en cause du libéralisme … autrement dit sans une bonne dose de dirigisme.

C’est du pays où les libertés individuelles sont les moins respectées mais qui a laissé d’énormes entreprises se constituer sur une base typiquement capitaliste, la Chine, que nous vient la démonstration la plus éclatante de l’absurdité du libéralisme. Le gouvernement chinois, qui n’a pas l’habitude d’être paralysé par le respect du droit des personnes privées ou morales, vient de prendre conscience que certains mastodontes, comme Alibaba (Trois fois plus gros qu’Amazon) ou Tencent (Un géant du numérique) devenaient des monstres rivalisant de puissance avec l’Etat lui-même et des mesures diverses et énergiques sont prises pour reprendre le contrôle public de ces entreprises avant qu’elles puissent tenir la dragée haute au pouvoir chinois.

De plus, être un pays où le pouvoir politique contrôle tout, n’a nullement empêché la Chine de devenir probablement la première puissance économique au monde. L’équation simpliste « le développement ne se produit que sous la pression du marché et rien ne doit la limiter » est radicalement battue en brèche par le cas de la Chine et, maintenant, ils viennent nous rappeler les vertus du contrôle financier des entreprises en reprenant pied dans le capital de ces grands groupes.

L’entreprise Didi équivalente d’Uber ailleurs dans le monde, s’est fait épingler par le gouvernement chinois parce qu’ils enregistraient les conversations de leurs clients utilisant leurs taxis. Le gouvernement n’est nullement gêné par l’écoute de ce que disent les Chinois, mais il s’agit, là, d’un monopole de l’Etat et du parti … que l’entreprise a donc abandonné rapidement en se fendant d’un communiqué piteux pour remercier le gouvernement de « les avoir ramenés dans le chemin juste ».

De tout temps le dirigisme a été le signe d’un Etat en bonne santé et, a contrario, un Etat qui est à genoux devant les entreprises est un Etat en déclin et dont les entreprises finiront par péricliter de ne pas devoir tenir compte d’orientations politiques au lieu de ne connaître que le pilotage par la maximisation du profit immédiat.

On redécouvre le colbertisme !

On redécouvre le colbertisme !

Merci aux Chinois de nous le démontrer si clairement.

Avec la décision de soumettre les multinationales géantes à un taux d’imposition minimum, les Etats viennent aussi de se souvenir qu’on ne saurait profiter d’un environnement économique favorable sans participer aux charges communes à proportion de ses capacités.

Je suis désolé d’annoncer aux chantres du libéralisme effréné qu’il va leur falloir réintroduire la notion de respect de lignes politiques la conduite des entreprises. « Libertés individuelles scrupuleusement respectées … et libertés économiques étroitement encadrées », telle sera la nouvelle équation du XXIe siècle, ne serait-ce que pour réussir la transition écologique dont dépend notre survie sur terre.

Jean-Paul BOURGÈS 23 juillet 2021

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J
Annoncer aux chantres du libéralisme effréné qu’il va leur falloir réintroduire la notion de respect de lignes politiques la conduite des entreprises. « Libertés individuelles scrupuleusement respectées … et libertés économiques étroitement encadrées », telle sera la nouvelle équation du XXIe siècle, ne serait-ce que pour réussir la transition écologique dont dépend notre survie sur terre.<br /> <br /> EN EFFET !!!<br /> <br /> A bientôt.<br /> Amitié.
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L
Belle analyse bien argumentée.
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B
Merci, l'ami.