Quand la peste s’éloigne

21 Janvier 2021

De tout temps, il y eut des maladies mortelles qui ravagèrent des pays, parfois des continents et même, ainsi que nous le voyons actuellement, l’ensemble des pays. Ces épisodes se terminent toujours, après avoir entraîné la mort d’une fraction très importante de la population. C’est ainsi que la « grande peste », qui frappa Paris en 1348, fit mourir un habitant de cette ville sur trois.

Une fois que la maladie s’est éloignée, souvent par un phénomène d’immunité collective (Dans le cadre du covid19, certains préconisèrent de ne rien faire et d’attendre cette immunité … que la vaccination devrait apporter peu à peu), il faut recréer un rythme de vie plus normal … alors-même que, généralement, le pays a subi une saignée très supérieure à la plus meurtrière des guerres.

C’est ainsi que dans son discours d’investiture, Joe BIDEN a évoqué les 400.000 morts du covid19 aux Etats-Unis en signalant que ça faisait autant de morts dans son pays … en un an … que le nombre de soldats américains tués lors de l’ensemble de la deuxième guerre mondiale.

La fin d’une épidémie ne fait pas revivre les morts, mais il faut la marquer par une mobilisation de tous ceux qui ont survécu.

L’investiture de Joe BIDEN et de Kamala HARRIS se traduit par la fin de cette peste, qui dura quatre ans sous le nom de Trumpisme.

Le travail de reconstruction d’un pays qui, comme les autres, a subi le covid19 mais en plus le Trumpisme, sera long et nécessitera une énergie sans faille de la part du plus vieux président depuis plus de deux siècles. C’est probablement la raison pour laquelle, sitôt devenu président, il signa toute une série de décrets pour annuler des décisions de celui qui n’eut même pas le courage d’assister à l’entrée en fonction de son successeur (Le retour dans l’OMS, le retour dans l’accord de Paris, l’annulation des discriminations contre les Musulmans entrant aux USA, l’arrêt de la construction du mur séparant le Mexique et les USA … et d’autres décisions, également importantes).

Joe BIDEN prononçant son discours devant le Capitole

Ne nous faisons pas d’illusion, Joe BIDEN n’est pas un homme de gauche, comme nous l’entendons chez nous et les Etats-Unis sont, depuis déjà des années, plus des rivaux des Européens que des membres de la famille. Et Joe BIDEN ne corrigera pas cela. On peut cependant penser (Et c’est la raison pour laquelle les retours à l’OMS et dans l’accord de Paris sont importants) que l’on retrouvera plus d’adhésion au multilatéralisme dans le domaine international. La lutte contre le racisme, citée dans le discours du nouveau président, pourra reprendre … mais pour effacer l’effet de Donald TRUMP dans ce domaine, il va falloir beaucoup travailler. L’Obamacare va devoir être remis sur pied et approfondi … et tout ça avec un Sénat où l’égalité stricte entre Démocrates et Républicains ne sera compensée que par la voix de Kamala HARRIS, qui présidera cette chambre haute.

On ne guérit pas de la peste, on reconstruit autre-chose après l’épidémie avec les survivants.

C’est à la rapidité de cette reconstruction d’un pays moralement, sanitairement et socialement ravagé, que l’on mesurera si Joe BIDEN ne sera qu’un président terne ayant terrassé le dragon et c’est tout, ou si, au contraire, il se hissera parmi les plus grands … qui mériterait alors d’avoir sa tête sculptée au Mont Rushmore, au côté de George WASHINGTON, Thomas JEFFERSON, Theodore ROOSEVELT et Abraham LINCOLN.

Jean-Paul BOURGÈS 21 janvier 2021