Faut-il revenir si lontemps après ?

13/04/2018 11:57

J’ai raconté, hier, le plaisir d’avoir retrouvé, ce mardi, « La Piagne » ou d’être monté jusqu’à Arpy. Aujourd’hui je vais évoquer d’autres aspects moins heureux de ce retour à Morgex, quarante sept ans plus tard.

Alors que la commune s’est sensiblement étendue, avec beaucoup de fort jolies constructions préservant très bien l’architecture locale, j’ai été frappé du vide des quelques rues, de l’absence de bistrots où des hommes (Les femmes ne fréquentaient pas les bistrots …) discuteraient avec énergie et un niveau sonore soutenu. Les quelques commerces qui restent semblent déserts. Bien sûr le temps, froid et pluvieux, n’y est pas pour rien … mais quand-même !

Bien qu’ayant pris quelque distance par rapport à l’actualité française, il me semble me rappeler qu’Emmanuel MACRON veut « réformer » la SNCF (D’autres diraient « lui faire le coup du père François »). Eh bien, ici, la gare est devenue un « château de la Belle au bois dormant » puisqu’il n’y a plus de trains qui circulent … comme on le constate à la rouille qui recouvre les rails, et à l’état délabré des portes de la gare. N’est-ce pas ce qu’on prépare pour la France en voulant tout soumettre à la loi du profit et à la concurrence ?

Mais, vous vous en doutez bien, je me suis plus attardé sur ce que sont devenues les personnes que j’avais connues … que sur l’état du réseau ferré.

Là, ça n’est pas la rouille qui a envahi … c’est le nettoyage par le vide … ou presque. C’est désormais au cimetière de Morgex qu’il faudrait que je me rende pour « rencontrer » tous ceux que j’ai connus, y compris certains de mon âge.

J’ai cependant retrouvé Marcello, âgé de huit ans de plus que moi, qui a été pendant un certain temps le président de la cave coopérative que j’ai évoquée à propos du vin de « La Piagne ». Je l’ai trouvé en bonne forme physique (Jeune-homme, il a été, incontestablement, le plus bel homme de Morgex), malgré quelques douleurs causées par l’arthrose. C’est lui qui m’a donné des nouvelles de ceux que j’avais connus … mais il ne se rappelait pas que, pendant environ vingt ans, mes parents, mes sœurs et moi nous passions de longues périodes chez son oncle et sa tante à l’extrémité du hameau où il habite toujours. Et dont il est vraiment le dernier des Mohicans.

Je me doutais bien que la plupart étaient morts … la dernière, Elvire, de l’âge d’une de mes sœurs, est atteinte d’Alzheimer et elle est à l’hôpital d’Aoste.

Il fallait, pourtant, que je fasse ce voyage et que je m’y confronte seul à mes souvenirs, en profitant du moment où Maly fait une cure à Balaruc, même si le temps infect m’a caché le Mont-Blanc et qu’un trou dans les nuages m’a juste permis de deviner le bas des Grandes Jorasses juste au-dessus de Courmayeur.

Mais, n’en doutons pas, au-dessus des nuages le ciel est clair et, dans quelques-temps, reviendra le soleil qui rend tout tellement plus beau … pour les vivants.

Jean-Paul BOURGЀS 12 avril 2018