23 Mai 2017
Il y a une vingtaine d’années, le maire de notre commune, dont j’étais l’un des adjoints, alors que nous n’avions jamais de conflits sur des sujets de fond, me reprochait, parfois, « d’être naïf ».
Que voulait-il dire ? J’aimerais tant le lui demander aujourd’hui, mais son esprit a chaviré et nous n’avons plus la possibilité de confronter nos opinions, comme nous le fîmes longtemps après avoir quitté nos fonctions municipales, chaque samedi matin, en prenant ensemble un café au bistrot en vieux copains que nous étions devenus après tant d'heures à travailler ... et, certaines fois, à batailler ensemble contre ceux qui ne partageaient pas nos orientations.
Je suis, pourtant, un individu pragmatique, longtemps ancré dans la vie économique et technologique, conformément à ma formation. Tout sauf un rêveur … mais, c’est vrai, spontanément tenté par le fait de croire à la sincérité des intentions qui sont exprimées devant moi.
Est-ce, ce qu’on appelle « la naïveté » ? C'est, certainement, ce qu'il voulait me dire.
Dans le fond, je ne crois pas que cela soit de la naïveté. Chez moi, faire confiance n’implique pas de ne pas voir qu’on est, peut-être bien, en train de me tromper. Mais il y a très longtemps que je me suis convaincu que ne jamais croire à rien était beaucoup moins gagnant que faire confiance (Après, bien sûr, quelques vérifications) et être, parfois, déçu.
Comme je l’ai plusieurs fois exprimé, je ne souhaitais pas l’arrivée d’Emmanuel MACRON à l’Elysée. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que la victoire de Marine LE PEN m’aurait, peut-être, conduit à rechercher s’il me serait possible de quitter un pays auquel je suis, pourtant, si attaché.
Le scrutin qui vient d’avoir lieu nous a évité le cauchemar. Et désormais nous pouvons regarder devant, au lieu de contempler, lamentablement, le bout de nos chaussures, comme un gamin pris en faute.
Je serai peut-être déçu ... voire même trahi, et certains esprits forts me diront alors que j’ai été naïf. Ils auront alors été plus clairvoyants que moi … mais je ne suis pas doué pour le cynisme et la rouerie. Cela me fait toujours penser à ce médecin (C’était bien longtemps avant le recours aux échographies), qui, vers le sixième mois de grossesse, disait à de futures mamans : « Je pense que vous attendez un garçon … et je l’écris dans mon agenda » alors qu'il notait discrètement dans son agenda « Mme X aura une fille » à la date où il avait fait sa « prévision ». Si à la naissance, c’était un garçon, la maman, ravie, disait « Vous me l’aviez bien dit, Docteur ! ». Si une fille naissait, la maman disait « Vous vous étiez trompé, Docteur, vous m’aviez annoncé un garçon et c’est une fille ! ». A ce moment-là, il sortait son agenda et disait à la maman « Mais non, vous vous souvenez mal, regardez à la date où on s’est vus, j’avais noté que vous auriez une fille » (Ça marche aussi bien si l’on remplace garçon par fille).
Je ne suis pas un grand cynique … je souhaite que notre pays et le monde aillent de mieux en mieux … et donc la réussite de la nouvelle équipe. Ne comptez pas sur moi pour dire, au cas où ça raterait : « Je l’avais bien dit ». Je serai malheureux … et c’est tout. Mais ce que je dis, dès maintenant, c’est que si ça rate, ça n’est pas ce que nous aurons dit les uns et les autres qui aura de l’importance … ça sera que le prochain tapis rouge déroulé dans la cour de l’Elysée sera foulé par Marine LE PEN.
Jean-Paul BOURGЀS 23 mai 2017