Métier en tension ? … ah bon !

19 Mars 2024

Ma journée de mardi fut marquée de plusieurs temps qui caractérisent la vie de beaucoup d’entre nous.

En matinée, au Centre Social à côté de chez nous, j’ai reçu un homme jeune qui travaille là, mais galère pour accéder à un logement parce qu’il n’intéresse aucun propriétaire privé car son salaire n’est pas égal à trois fois ce que coûte un modeste T2 à Lyon (On va s’y prendre autrement et j’espère qu’on aboutira dans les prochains mois).

Au moment où je sortais du Centre Social, j’y ai rencontré une personne, EV, que j’avais accompagnée dans diverses démarches, il y a trois ans. Albanaise sans papiers, séparée d’un mari violent qu’elle a dû fuir, elle apprenait le Français et aujourd’hui elle était présente car elle est désormais inscrite à un examen de son niveau dans notre langue. J’ai eu le plaisir d’échanger quelques mots avec elle et ses progrès sont impressionnants. Elle est, avec son fils de 10 ans, hébergée dans des conditions précaires par une association que je connais bien. En Albanie, qu’elle a quittée parce que sa sécurité physique était menacée, dans un Etat sous la coupe de mafias dangereuses, elle était infirmière anesthésiste dans un service hospitalier. Autrement dit nous devrions lui dérouler un tapis rouge … quand on sait la pénurie de soignants de ce niveau de qualification chez nous … mais elle est toujours inemployée par notre grand pays, qui préfère voter la loi DARMANIN sous la pression de Marine LE PEN, et continue de lui interdire de travailler pour nous tous.

Troisième temps, je suis allé déjeuner … et passer cet après-midi de détente … chez JP, un ancien collègue, de dix ans plus jeune que moi, qui fut mon successeur peu de temps après ma retraite. Je me souvenais de la naissance de son fils, il y a 35 ans … et le bébé de l’époque est, après d’autres parcours professionnels originaux, interne des hôpitaux. Sa compagne est infirmière hospitalière et connaît et subit la misère de notre système hospitalier qui a un besoin criant de compétences comme celle de EV … qui aimerait tant travailler … alors qu’elle n’en a pas le droit.

Ce moment amical fut merveilleux, au milieu de personnes intelligentes, artistes, engagées socialement et culturellement … qui redonnent le moral.

De tension en contorsion notre pays va terriblement mal … malgré tous les talents qui s’y déploient. Quand en prendra-t-on conscience en se rappelant qu’un pays ouvert est vivant et qu’un pays fermé n’est qu’un sinistre tombeau ?

Jean-Paul BOURGÈS le 19 mars 2024