Un royaume … à quoi ça tient ?

17 Janvier 2021

Chez nous le corbeau est un oiseau qui a plutôt mauvaise réputation, qu’il vole en faisant croa-croa ou qu’il dépose des courriers anonymes dans des boites aux lettres.

Mais, une fois de plus … et je prie mon cher gendre John de me pardonner ce billet … je constate qu’indépendamment du Brexit (Que je déplore très fort), nous aurons toujours du mal à être en phase avec les sujets d’Elisabeth la seconde.

Nos amis Anglais … sans qu’on se comprenne bien, ils sont quand-même nos amis, d’autant qu’ils furent longtemps nos pires ennemis … nos amis, donc, coupèrent la tête d’un roi … comme nous. Mais, pris, peut-être, d’un remords, ils rétablirent la monarchie … qui fonctionne outre-Manche à peu près comme un président de la III^e République, en se contentant d’inaugurer les chrysanthèmes et en lisant, une fois par an, « le discours du trône » qui a cette caractéristique de n’être justement pas son discours mais celui du Premier Ministre.

Nous, ayant raccourci le roi et son épouse, nous avons instauré la République et, plus ça va … ou ne va pas, plus nos présidents se prennent pour des monarques de droit divin … au point d’aller au bout de leur logique cartésienne en se prenant carrément pour un Dieu qui fixe le droit.

Mais revenons-en aux corbeaux. Depuis le XVII^e siècle, du fait d’un décret du roi Charles II (Celui qui, après la parenthèse de CROMWELL, succéda à Charles 1^er qui eut la tête coupée), il doit y avoir obligatoirement six corbeaux attachés à la Tour de Londres, où est enfermé le « trésor royal ». Si, par malheur, cet effectif de corbeaux n’était plus atteint … cela annoncerait l’effondrement de la monarchie.

Jusqu’à ces derniers jours l’avenir de la couronne britannique n’inspirait aucune inquiétude, d’autant qu’Elisabeth la seconde semble partie pour faire une solide centenaire, qui vient d’être vaccinée contre le coronavirus. Par ailleurs et surtout l’effectif des corbeaux de la Tour de Londres était de sept volatiles fidèles à leur mission de gardien de l’avenir du royaume. Mais, il y a quelques jours, la doyenne de cette volière royale, dénommée Merlina, disparut. Compte-tenu de son grand âge les gardes de la Tour de Londres sont très inquiets et ils craignent, non pas qu’elle ait fugué … mais qu’elle ait perdu la vie et qu’elle gît en quelque recoin du bâtiment. En principe tout va bien car, avant cette disparition l’effectif était de sept corbeaux … mais, un seul accident (Les corbeaux sont-ils, par exemple, susceptibles d’attraper le covid ?), et la monarchie pourrait s’effondrer ce qui plongerait l’Angleterre dans le chaos.

Il faut bien être Anglais pour imaginer qu’un Roi ou une Reine qui ne fait rien du tout, est si indispensable au pays que sa disparition créerait un état de désordre irréparable.

Nous, nous avons un président-monarque-Dieu siégeant sur l’Olympe qui fait tout lui-même … et nous sommes nombreux à espérer qu’il veuille bien céder la place.

La reine lisant le discours du trône

Sans comprendre les Anglais, je les adore pour leur sens de l’humour.

Jean-Paul BOURGÈS 17 janvier 2021