Le Gujarat agricole

25 Novembre 2018

Quelques photos prises au Gujarat (A partir d’un autocar roulant vite tout en évitant les vaches qui traversent les routes au gré de leur inspiration du moment) vous permettront de voir un peu à quoi ressemble la campagne indienne de cet Etat de l’Ouest de l’Inde.

La première caractéristique, c’est que les champs ressemblent à des jardins, cultivés avec soin, souvent avec la mobilisation d’une famille tout entière (Un tracteur, plus ou moins brinquebalant, apporte un appui appréciable).

Nos rois de la productivité de la FNSEA n’y trouveraient évidemment pas leur compte. Non dominées par des multinationales (Friandes comme en Europe occidentale de subventions publiques ... qu’elles savent, ensuite, dénoncer) ces petites exploitations, souvent adhérentes à des coopératives, font de la polyculture et on observe, dans les champs voisins, des bananiers, des légumineuses, du riz, du tabac ... et, parfois, des champs un peu plus grands destinés aux cotonniers ou à la canne à sucre.

De jeunes bananiers

Sur ce champ de cotonniers les points blancs sont les boules de coton.

La rusticité de l’attelage de boeufs ci-après me rappelle les villages située près de Clermont-Ferrand, il y a soixante-dix ans (Les bovins ne font pas que se promener en grattant dans des tas d’ordures, ils peuvent aussi travailler ... parfois).

Comme notre agriculture d’avant la guerre de 14, cette agriculture produït beaucoup dans cet Etat (Etendu comme la moitié de la France mais aussi peuplé que notre pays), qui est l’un des principaux «greniers à grains» de l’Inde, mais elle fixe aussi à la campagne une population importante du fait d’une mécanisation encore faible (Sans réussir à les photographier, car trop loin du car, j’ai vu de nombreuses équipes battant les épis en les secouant à la main au-dessus d’un drap posé par terre, en plein champ). De nombreuses usines de grande taille (Parfois appartenant à nos grandes entreprises) sont, d’ailleurs, installées à la campagne et y trouvent par conséquent leur main d’œuvre.

Le modèle économique est d’apparence capitaliste, mais, en fait, il repose plutôt sur une organisation familiale du travail qui occupe tous les membres de chaque famille. Sur un pays plat comme la main, les inspirateurs de notre politique agricole productiviste mécaniseraient à outrance ... mais que ferait-on des millions de personnes qui peuplent cette campagne ?

Ce point est à rapprocher de l’organisation du commerce en toutes petites boutiques serrées les unes contre les autres et en vente directe au bord des trottoirs ... sans hyper-marchés à la périphérie des villes. Les villes sont donc encore très vivantes et les acheteurs y rencontrent de vrais vendeurs qui les connaissent. Chez nous et dans tous les domaines, les productivistes ont évacué l’Homme de leurs équations. Je souhaite voir nos pays revenir à la sagesse de l’Inde plutôt que voir l’Inde copier notre organisation qui ne profite, en fait, qu’à ceux qui investissent des capitaux toujours plus importants en tuant l’agriculture familiale ou le petit commerce.

Jean-Paul BOURGÈS 25 novembre 2018