Un bon petit diable

18 Mars 2018

La Comtesse de Ségur nous raconta l'histoire de ce petit garçon, Charles, plus ou moins persécuté par la "mère Mac-Miche" pour des bricoles sans importance. Témoignant ainsi du camp qu'elle prenait, la Comtesse donna à Charles le surnom de "Bon petit diable".

Mais quel rapport avec notre voyage de Naples jusqu'en Sicile ?

La grande île est dominée par cette étonnante montagne, l'Etna, qui est le plus grand volcan en activité en Europe. Quand on va de Messine jusqu'au point le plus loin possible sur les pentes de l'Etna, chaque village, chaque parcelle de terre est marquée des traces d'une éruption de l'Etna ... qui se traduisit par une coulée de lave qui raya de la carte une exploitation agricole, une chapelle, voire un village complet ... que les hommes reconstruisent imperturbablement plus tard.

De n'importe lequel des très nombreux cratères qui font comme une couronne sur la tête de ce que les Siciliens n'appellent pas "le volcan" ... mais "la montagne", la lave s'écoule toujours si lentement mais inexorablement ... que ce volcan ne tue pas, ce qui lui vaut le surnom de "le bon volcan". Ce surnom me fait penser au Bon Gros Géant de Robert DAHL, dont Steven SPIELBERG fit récemment une adaptation.

Ce pays est vraiment d'une très grande beauté. Une beauté et une richesse agricole qui ne sont pas pour rien, en dehors de sa nature de "verrou stratégique" au centre de la Méditerranée, avec le fait d'être passé régulièrement depuis plus de deux millénaires de mains en mains.

Le "bon volcan" ne tue pas car, quand il crache le contenu du sous-sol, la lave coule si paisiblement que l'on a le temps de sauver les vies et de soustraire à la coulée les biens matériels ... sauf les bâtiments qui seront détruits s'ils sont sur le trajet de la lave qu'on ne sait pas encore vraiment dévier.

Qu'ils aient un caractère volcanique, ou plutôt celui d'un long fleuve tranquille, pourquoi les hommes ne sont-ils pas capables, eux aussi, de tracer leur route sagement et fermement, sans tuer sur leur passage ?

Un homme conduisit, naguère, une campagne électorale sur le thème de "la force tranquille", mais n'était-ce pas qu'un slogan sans réel contenu ?

On peut, au moins, penser qu'il avait compris que, comme l'Etna, on n'a pas besoin de tuer pour démontrer qu'on est fort.

Beau contraste avec tous ceux qui massacrent pour cacher leur indigente faiblesse.

Jean-Paul BOURGèS 19 mars 2018