23 Février 2018
A priori l’école de pensée cynique me plait bien par sa référence au chien … mon animal préféré.
A son origine, cette pensée fut la marque d’esprits exigeants et contestataires qui ne craignaient pas d’être traités comme des chiens. Ils s’opposaient donc, dans la Grèce du quatrième siècle avant notre ère, à l’establishment de l’époque avec des styles de provocations qui ne sont pas sans rappeler celles de l’époque punk des années 70 et 80.
Beaucoup plus récemment, Nicolas MACHIAVEL, à la fin du XVe siècle à Florence, fut à l’origine d’un courant de pensée dissociant et libérant l’action politique de la morale et de la religion.
L’un des grands machiavéliques ou cyniques (As you like), fut assurément quelqu’un de peu recommandable, mais qui eut la responsabilité de la Diplomatie française à une époque où il dut être particulièrement difficile de trouver le meilleur chemin entre les intérêts de celui dont dépendait sa faveur, ses intérêts propres … puisqu’il n’y était pas indifférent, et les intérêts de la France … qu’il ne maltraita jamais. C’est bien sûr de Charles-Maurice de TALLEYRAND-PERIGORD Prince de Bénévent, que je parle, entre Ancien-Régime, Révolution, Bonapartisme, Empire et Restauration.
Sautant les ans, qui peut nier que Charles DE GAULLE ait été un cynique machiavélique quand, convaincu de longue date que l’Algérie ne pouvait rester une région française comme les autres, il clama, à la foule des Pieds-Noirs venus l’acclamer à Alger le 4 juin 1958, ce fameux « Je vous ai compris » qui, ne signifiant rien, signifiait tout … y compris le contraire de ce que ceux qui l’acclamaient avaient compris ?
D’une moindre pointure, mais encore acceptable, François MITTERRAND, un Sphinx moderne, occulta en permanence ce qu’il pensait pour mieux conduire l’action qu’il avait choisi de mener. Je lui pardonne beaucoup de choses parce que, quelques semaines avant le scrutin décisif de 1981 et alors que Valéry GISCARD d’ESTAING semblait imbattable, il eut le courage … ou le génie … de dire qu’il était contre la peine de mort, alors que la majorité des électeurs voulaient son maintien et son usage. Ce qui compte, encore plus, c’est qu’il chargea aussitôt Robert BADINTER de conduire le processus d’abolition.
On voit bien que le cynisme a, dans l’Histoire, ses hauts et ses bas … et, comme on dit, « on ne fait pas forcément de la bonne politique avec de bons sentiments ».
Mais on peut séparer du cynisme, voire de « l’opportunisme » dont, sous la IIIe République, Jules FERRY était un leader, les comportements qu’on vit fleurir depuis quelques années sous Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE et qui atteignirent ce que j’espère être un sommet à l’EM-Lyon où quelqu’un qui s’imagine en Président de la République en 2022 expliqua à des étudiants que, de manière habituelle, il raconte des choses auxquelles il ne croit pas. Le pire, en cette affaire c’est qu’il pensa qu’on l’admirerait de nous envoyer cela en plein visage (Il n’y a que lui qui pensait … ou dit … que ces propos n’étaient destinés qu’aux étudiants triés sur le volet qu’on avait mis en face de lui).
Au sens moderne du terme, le cynisme n’est pas revêtu d’un masque de carnaval, il est juste la conduite d’une politique très clairement orientée, mais pas obligatoirement annoncée … mais pas recouverte d’excréments pour autant.
Emmanuel MACRON est un héritier des cyniques-machiavéliques. Laurent WAUQUIEZ n’en est qu’une pitoyable copie de bazar un peu merdique.
Jean-Paul BOURGЀS 23 février 2018