7 Juin 2017
A chaque époque ses mots fétiches, vite oubliés et, surtout, vidés de contenus dès qu’ils commencent à être employés à tout bout de champ, comme un jingle commercial.
C’est ainsi que nous sommes désormais obsédés par « la transparence ».
Des batraciens, vivant dans les plaines amazoniennes de l’Equateur, ont été récemment découverts … ce qui montre que nous sommes encore loin d’avoir découvert toutes les espèces animales. Or ces grenouilles ont une particularité extraordinaire. Leur corps est translucide et même pratiquement transparent, puisque, au travers de la peau de leur abdomen, on peut voir leurs organes … et, entre autres, les battements de leur cœur. La photo ci-après montre bien jusqu’où ce petit animal pousse la transparence.
Ce serait, peut-être, amusant et instructif si tous ceux qui ont des fonctions publiques étaient aussi transparents que ces « Hyalinobatrachium yaku ».
Mais ne deviendrait-on pas tous un peu voyeurs ?, d’autant que, ne voulant pas permettre à ceux qui se voient confier des fonctions publiques de dissimuler leur intérieur par des habits, nous les contraindrions probablement à la nudité intégrale, dont même une feuille de vigne ne saurait limiter l’absolue transparence.
Ne faut-il pas être raisonnables, en obligeant tous les dépositaires d’une fonction collective (Donc financée par de l’argent public) à justifier toutes leurs dépenses, à déclarer très précisément les liens d’intérêts qu’ils peuvent avoir … et, en la dotant des moyens nécessaires, en s’organisant pour qu’une autorité judiciaire soit chargée d’en contrôler l’exactitude puis, en cas d’anomalie, de décider l’inéligibilité à vie ou l’exclusion de l’Administration, selon le cas.
La transparence publique permanente me semble une idée à ne retenir qu’avec des pincettes. Je suis particulièrement attaché à l’idée que nous devons rétablir la confiance entre les élus et les fonctionnaires d’une part, les citoyens d’autre part. Cela ne passe cependant pas par la transparence des grenouilles, mais par des moyens efficaces de contrôle a posteriori et, en cas de dérapage, sur des sanctions rapides et définitives. Il ne doit pas être possible de soupçonner la femme de César.
Jean-Paul BOURGЀS 8 juin 2017