Au moment de tourner la page

21/06/2017 05:46

Il y a cinq ans, après avoir voté pour François HOLLANDE, qui paraissait être le seul capable de nous débarrasser de Nicolas SARKOZY, dont chaque acte, chaque mot, chaque attitude me faisaient honte, j’avais considéré, comme actuellement avec Emmanuel MACRON, qu’il fallait lui laisser le temps d’agir.

Je me souviens d’échanges sur mon blog de Mediapart, que je qualifierai de douloureux, avec une amie, Gabrielle, qui toléra mal qu’au fil du temps, j’en vienne à exprimer des réserves … puis des condamnations tout à fait nettes de l’action du Gouvernement, surtout lorsque Manuel VALLS remplaça Jean-Marc AYRAULT.

Je restais tout simplement « de gauche », alors que l’action conduite, comme l’inaction, marquaient de plus en plus un glissement vers une répétition de ce que nous avions connu lors de la présidence de Nicolas SARKOZY. Il m’arrivait souvent de dire à Gabrielle : « Pour toi qui es de gauche, comment soutiens-tu ceci … ou cela ? ».

On voit bien que ceci déboucha sur le Macronisme puisque "La France Insoumise" était incapable de barrer la route au FN.

Mais a-t-on suffisamment porté attention au dégagisme qui a frappé les Ministres les plus emblématiques du quinquennat précédent ? Prenons trois exemples.

Commençons par Najat VALLAUD-BELKACEM. Aux Droits des Femmes, puis à l’Education Nationale, où ses prédécesseurs s’étaient empêtrés, elle tint bon et, pourtant ou justement pour ce motif, elle vient d’être battue, dans une circonscription traditionnellement socialiste, par un chef d’entreprise assez flamboyant et macronien acharné. D’origine marocaine, trop jolie pour être honnête doivent penser certains, on se dira que le machisme et le racisme se sont vengés … peut-être.

Marisol TOURAINE, qui se serait bien vue en Premier Ministre et qui occupa le même poste gouvernemental de la Santé et des Affaires Sociales durant cinq ans, réforma le tiers-payant et fut, sans cesse, en butte au conservatisme et à l’égoïsme des professions médicales … mais fut battue en Touraine dans une circonscription de gauche, où elle avait été élue, il y a déjà vingt ans. Bien que n’ayant pas en face d’elle un candidat macronien, elle vient d’être sèchement remplacée par une candidate UDI … dans ce cas on ne pourra donc pas parler d’un relent de machisme.

Myriam EL KHOMRY, courageuse ou inconsciente soldate de la loi qui porte son nom, n’avait pas, elle non plus, de candidat macronien en face d’elle … c’était bien le moins que lui devait Emmanuel MACRON pour avoir pris les coups à sa place. Dans une circonscription située à gauche dans le XVIII^ème arrondissement de Paris, cela ne l’a pas empêchée d’être battue par un « jeune-loup » UMP.

Ces exemples, et bien d’autres, montrent que c’est le « mi-chèvre, mi-choux » de l’ère hollandaise qui vient d’être brutalement sanctionné.

Les électeurs se désintéressent manifestement de la politique, ils ont parfois des choix que l’on peut qualifier d’aberrants … mais, ce qui est sûr, c’est que le quinquennat de François HOLLANDE ne les a pas satisfaits.

Cette insatisfaction résulta, parfois, de ce que c’était trop libéral à leur goût sur le terrain des mœurs (Rappelons-nous les énormes manifestations du style du XIX^ème siècle, crucifix en tête, contre le mariage pour tous), mais ce fut aussi, plus tard, parce que cela mettait en cause notre modèle social … comme on le vit avec « les nuits debout » contre la loi Travail.

Le résultat c’est qu’une génération et un positionnement politiques ont été effacés.

Jean-Paul BOURGЀS 20 juin 2017