26 Mars 2025
C’est du regard perçant d’une petite fille née cette année 2025 que je vais parler.
J’avais rendez-vous avec ses parents lors de l’une de mes permanences hebdomadaires d’accompagnement de personnes en difficulté pour se loger.
Je les avais déjà rencontrés, en novembre, mais il fallait attendre l’aboutissement de diverses démarches administratives.
Aujourd’hui leur fille est née … c’est un très joli bébé … et c’est sous son regard que j’ai fait, avec ses parents, le point sur ce qui devrait permettre qu’ils accèdent à un logement social.
La maman, âgée de 20 ans, est de Mayotte. Le papa, de 21 ans, est Comorien mais vit ici, à Lyon, depuis son enfance. L’un et l’autre travaillent … mais ils ne peuvent pas vivre ensemble. Elle est toujours chez sa mère, où ils sont 8 dans un T4, lui est chez ses parents, où ils sont 6 dans un T4.
Le bébé me regardait, attentivement, blottie dans les bras de son père. Mais que pouvait-elle comprendre au fait qu’il y a 50 ans, les génies qui présidaient la République et voulaient conserver un « porte-avion » dans l’océan indien, décidèrent que les îles de Mayotte et de la Grande Comore devaient être séparées par beaucoup plus que cinquante kilomètres de mer.
Entre la géopolitique et la réalité humaine … il y a le regard d’une petite fille sur un monde qui ne s’occupe pas d’elle.
Sa mère est Française, son père ne l’est pas, et, du fait des ravages à Mayotte, ils ne peuvent même pas se marier car l’administration française à Mayotte n’arrive plus à fournir les papiers d’état civil nécessaires.
Cela n’empêche pas ses parents de s’aimer et de l’aimer … c’est l’essentiel.
Jean-Paul BOURGÈS 27 mars 2025