12 Février 2025
Ce n’est pas d’un dirigeant de la FNSEA, ni d’un leader de la Coordination Rurale, ou de la Confédération Paysanne, que je veux parler aujourd’hui … mais d’un homme qui aurait pu inspirer les uns et surtout les autres et qui m’est, à bien des égards, fort sympathique : Olivier de SERRES, si représentatif du XVIe siècle.
Ce qui m’amène à en parler c’est un livre qui m’a été prêté par la tante d’un de nos gendres, Tante Marthe, que nous avons un grand plaisir à associer à nos fêtes familiales.
Ce livre, qu’elle récupéra, me semble-t-il, dans une « foire aux livres » a été écrit par Fernand LEQUENNE, en 1970, sous le titre « La vie d’Olivier de Serres » et il comporte, en page de garde, une dédicace à Hubert BEUVE-MERY, le fondateur du journal « Le Monde » (J’ignore par quelles mains était passé ce livre avant d’aboutir dans les mains de Tante Marthe … puis les miennes).
Revenons-en à ce livre, écrit par un admirateur de cet homme du XVIe siècle qui est, probablement le premier à avoir eu une approche scientifique et expérimentale des meilleures façons de tirer les meilleurs produits du sol par une agriculture fondée sur l’observation méticuleuse de ce qui marche … avant que la chimie vienne perturber notre rapport à la nature.
Dans le Vivarais, où il vivait, à Villeneuve-de-Berg, il introduisit la culture des mûriers, dont les feuilles nourrissent les vers à soie … qui furent à l’origine de la fortune de ceux qui, en particulier à Lyon, surent en tirer les étoffes les plus précieuses.
Mais je trouve que l’apport principal d’Olivier de SERRES c’est sa démarche d’expérimentateur agronomique, où il mena plein d’essais portant sur de nombreux aspects agricoles (Quand semer quoi, et où ? Quand retourner la terre et comment ? Quand couper quoi et à quel niveau … et bien d’autres choses) qu’il consignait dans de nombreux registres destinés à découvrir comment obtenir les meilleures récoltes.
Toute cette œuvre, qu’il mit à la disposition de ses contemporains, en publiant des exemplaires successifs de ses constatations sous le titre de « Théâtre d’agriculture et mesnage des champs », allait avec ses convictions religieuses protestantes, dans un pays, le Vivarais, qui fut maintes fois ravagé par les guerres de religion.
Il fut, on s’en doute, profondément un admirateur d’Henri IV et de son ministre, le duc de SULLY, qui saluait « les pâturages et labourages » en valeurs françaises essentielles.
Tolérance religieuse, vie modeste ancrée dans la campagne, approche scientifique de la nature, en ayant la conviction que les choix naturels sont les meilleurs, ne s’agit-il pas de ce que doivent être, aujourd’hui encore, les axes de réflexion de véritables écologistes ?
Ce livre, en tout cas, nous le suggère fortement, si ça n’est pas trop tard.
Jean-Paul BOURGÈS 13 février 2025