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D’accord, il faut la défendre

Ces derniers temps un certain nombre de personnes se sont rendu compte que préserver notre langue, c’est aussi protéger ce qui nous unit et fait notre spécificité, au moins autant que la baguette, le saucisson et la bouteille de vin rouge. On a même vu le disrupting président de la « start-up nation » expliquer cela lors de l’inauguration de Villers-Cotterêts !

Jeudi soir, à l’invitation des Lions Clubs de l’ensemble de la région lyonnaise (Je n’en fais pas partie, mais un ami fort actif au Lions m’avait transmis une invitation), je me suis rendu à une conférence de Jean PRUVOST, grand spécialiste de la langue française, sur le thème : « Osons défendre, enrichir et promouvoir la langue française ».

Le conférencier est particulièrement disert et brillant … ce qui fait qu’il parla un peu plus de deux heures à un moment de la journée où l’on pense surtout à aller se coucher, et que le public nombreux en redemandait encore.

Jean PRUVOST en pleine démonstration

Jean PRUVOST en pleine démonstration

Je ne résumerai pas tout ce qu’il a dit, mais je voudrais, quand-même relever certaines idées, en y ajoutant parfois en italique, mon grain de sel.

Jean PRUVOST rappelle que toutes nos langues européennes, sauf le Basque, le Magyar et le Finnois ont la même origine dite indo-européenne. Ensuite elles se sont stabilisées sur la base des ensembles géopolitiques constitués sur des contours qui sont précisément l’expression de communautés linguistiques, même si chaque langue a fait beaucoup d’emprunts aux langues des voisins. Lorsqu’il n’y a pas cohérence entre les deux concepts, on voit bien la difficulté, comme, par exemple, en Belgique.

Pour l’anecdote, il raconte que le premier recul du Français dans les textes diplomatiques français est apparu dans le Traité de Versailles où tout est écrit en Français et en Anglais, dont il pense que ça résulte du fait que l’épouse de CLEMENCEAU était Américaine.

Il rappelle aussi que les mots gaulois qui sont restés dans notre langue sont ceux qui correspondent aux travailleurs tels « la ruche », alors que ce qui y est produit et donc qui se vend, le miel, est d’origine latine parce que ce sont les Romains qui ont apporté l’organisation et donc les mots du commerce (On sait qu’il y a, de même, dans la langue anglaise « the pork » et « the pig » selon qui parle de cet animal dans l’assiette ou dans la porcherie).

Sur le plan historique de la langue, il a évoqué le Serment de Strasbourg partageant l’empire de Charlemagne entre ses fils … qui structura la césure entre l’ouest avec le royaume de Charles-le-Chauve parlant le Français du 9ème siècle, ainsi que Lothaire et celui de l’est de Louis parlant la langue germanique qui devint l’Allemand. Cette notion « à chaque pays sa langue » est quand-même fort relative quand on voit que l’Anglais comporte 65 % de mots d’origine française.

Tout ce long et passionnant discours pour justifier que, sans jouer au puriste et en étant pédant, on ait besoin de défendre notre langue, sans pour autant la figer.

Il indiqua son opposition catégorique à l’écriture inclusive … que je partage d’ailleurs. Et pour en montrer le ridicule et l’inadéquation pour l’instauration de l’égalité homme-femme, il prit l’exemple du « iel » pour dire « il ou elle ». Si le but est d’affirmer que le masculin n’est pas supérieur au féminin, c’est réussi avec un mot qui commence par le i du il masculin et relègue le el du féminin en position derrière le masculin !

Sans avoir la maîtrise de notre langue au niveau atteint par Jean PRUVOST, je m’efforce d’utiliser correctement le Français, à l’oral comme à l’écrit … et je déplore, moi aussi, l’oubli, de certains mots remplacés par des anglicismes, au prix, parfois de faux sens, voire de contresens.

Le plus surprenant c’est l’usage immodéré du Franglais … quand on sait l’importance des mots d’origine française dans la langue anglaise.

Si l’idée de l’Union Européenne n’était pas venue si tard, nous aurions tous pu parler la même langue en Europe, mais les rivalités politiques, qui traduisent les volontés de contrôle territorial et économique, en ont décidé autrement. Les tentatives de créer une langue commune avec l’Espéranto (Ou le Volapük, comme l’évoqua un jour Charles DE GAULLE) n’ont jamais abouti à rien … c’est comme ça. Défendons chacun notre langue, non pas comme un glaive qu’on brandit contre les autres, mais comme un drapeau autour duquel on se réunit pacifiquement, avec le plaisir de nous comprendre parce qu’une langue véhicule de nombreux non-dits qui sont des constituants essentiels d’une culture.

Au passage, j’ai pris note de quelques approximations à éviter, qu’il m’arrive de commettre, et j’espère m’en souvenir.

Jean-Paul BOURGÈS 11 novembre 2023

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D
Bonjour,<br /> <br /> Jean-Paul,<br /> Que penses-tu de l'interdit qui nous est fait partout dès que quelqu'un dit "Au jour d'aujourd'hui" ?<br /> <br /> Très bonne journée,<br /> Martial.
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J
C'est,, en effet, une formule un peu ridicule pour dire tout simplement "maintenant" ou "actuellement" ou "de nos jours" ou "désormais". <br /> Bonne journée à toi. JP
V
Défendons chacun notre langue, non pas comme un glaive qu’on brandit contre les autres, mais comme un drapeau autour duquel on se réunit pacifiquement, avec le plaisir de nous comprendre parce qu’une langue véhicule de nombreux non-dits qui sont des constituants essentiels d’une culture.<br /> <br /> BELLE MANIERE DE VOIR !!!<br /> <br /> A bientôt.<br /> Amitié.
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J
Amitié