27 Mai 2022
De notre journée cordouane, je retiens pour commencer une image fugitive (La photo, prise à la volée est donc très mauvaise) d’une femme musulmane voilée glissant entre les piliers de cette merveilleuse mosquée qui, après la « reconquista » fut transformée en cathédrale dont les ornements outrageusement chargés choquent à l’intérieur de l’élégance de la mosquée d’origine.
Comment ne pas y voir un symbole de la permanence de l’esprit malgré la volonté de détourner un lieu de la pensée de ceux qui l’ont créé ?
Ces voutes au dessin simple et parfait ne montrent-elles pas le niveau d’excellence atteint par la civilisation arabe, qu’encore aujourd’hui certains voudraient combattre au lieu de s’en fertiliser mutuellement ?
Le comble du mauvais goût et du cynisme institutionnel est atteint avec le déferlement de l’or dans ces décorations surchargées de cet or que les conquistadors rapportèrent de l’Amérique latine, où ils avaient volé par une extrême violence, ce que les Aztèques, les Mayas, les Incas avaient amassé au cours des siècles par le travail de ces hommes dont on alla jusqu’à se demander s’ils avaient une âme (La controverse de Valladolid Controverse de Valladolid — Wikipédia (wikipedia.org) ). Et, une fois de retour en Espagne, c'est par la construction, certes artistique, d'oeuvres exprimant leurs convictions, qu'ils avaient sacrifié au « veau d'or ».
L’étrangeté de l’histoire humaine ressort encore plus quand on arrive à Cordoue par le pont romain qui, comme tout ce que les Romains ont construit, défie le temps.
Mais, à propos du temps, comment ne pas voir une étonnante continuité technologique de l’obsession solaire des hommes depuis les pharaons, les Aztèques, le « Temple du soleil » d’HERGÉ, jusqu’aux champs de panneaux photo-voltaïques le long de l’autoroute allant de Séville à Cordoue …
… et, plus encore dans cette centrale thermo-solaire qui stocke l’énergie du soleil en portant à des températures de l’ordre de 1000 °C du sel qui permet de faire de la vapeur pour faire tourner des turbines lorsque le soleil est couché. Installée sur 185 ha, cette centrale fournit l’énergie électrique parfaitement renouvelable et non polluante pour 35.000 foyers.
Cette centrale est visible depuis une bonne trentaine de km. Et, là nous en sommes encore très loin.
Tout autour, et à perte de vue, la campagne entre Séville et Cordoue n’est qu’une succession de champs immenses, plantés d’oliviers, d’orangers, de tournesols, de céréales dans un mode d’organisation dominé, à l’évidence, par de très gros propriétaires ayant beaucoup eu recours à la mécanisation et utilisant une main d’œuvre venue d’Afrique dans les conditions que l’on sait pour ce qui ne peut pas être mécanisé.
Mais je ne peux pas finir ce billet sans évoquer la rencontre avec la statue d’AVERROÈS sur une petite place de Cordoue.
Dans mon premier billet, lors de notre arrivée à Marrakech, le 20 avril, c’est déjà cet homme de paix que j’avais évoqué … et nous avons tellement besoin de cette sagesse actuellement ( Il est minuit Docteur AVERROÈS - Jean-Paul-69-07.over-blog.com ).
Jean-Paul BOURGÈS 28 mai 2022