L’oasis … c’est la fraicheur

04/05/2022 22:01

Je vieillis sûrement beaucoup pour dire de telles banalités … car tout le monde sait que l’oasis apporte la fraicheur ! Sauf que ça n’est pas des vertus climatiques que je veux parler, même si mercredi les températures flirtaient avec 30 °C, ce qui n’est guère étonnant compte-tenu de la position de Taroudant.

Ce dont je veux parler c’est du rafraîchissement des idées que peut procurer la visite de l’oasis de Tiout en compagnie d’un accompagnateur comme Moubarak dont je joins la photo ci-dessous.

Moubarak est l’un des membres de la gestion communautaire de la palmeraie de Tiout, à une centaine de kilomètres à l’est d’Agadir.

Autour de l’oasis, il y a 7 villages et chaque village a une entrée dans l’oasis et les villageois sont propriétaires de leurs parcelles. L’ensemble couvre une superficie de 745 ha … mais, ce qui compte … vous vous en doutez, c’est de gérer l’eau sans gaspillage et de façon équitable.

C’est donc un « chef de l’eau » … un « Amazla » qui gère cette ressource précieuse, dont Moubarak dit : « L’eau c’est de l’or ! ».

Il faut donc que chacun ait sa part d’eau, distribuée par un réseau très dense de petits canaux depuis un vaste réservoir situé au point le plus haut de l’oasis et qui est, lui-même, alimenté par la nappe phréatique. L’eau est ainsi répartie, 24 h sur 24, selon des règles ancestrales par cet Amazla, qui est l’un des hommes les plus importants de cette communauté de 300 familles.

Le réservoir a 3 m de profondeur ! ! !

L’eau est envoyée à tour de rôle vers chaque parcelle de façon équitable

Le résultat de cette gestion technique et humaine, c’est une oasis où poussent des fruits, des légumes, des céréales magnifiques … et, bien sûr, des palmiers !

Voici un bien bel épi !

Là des orangers

La casbah, vue depuis la palmeraie

Le réservoir actuel n’a que 110 ans, le système de canaux et la façon de gérer la ressource en eau sont, eux, très anciens et ils démontrent que : seuls ceux qui n’ont aucune difficulté à surmonter, peuvent vivre sans forte solidarité communautaire.

L’eau est précieuse … alors en évitant que certains se l’accaparent ou la gaspillent, on permet à tous de vivre le mieux possible.

Nous ferions bien d’y songer avant que, chez nous aussi, l’eau vienne à manquer. Privatiser la gestion de l’eau est une pure folie … j’aimerais que ceux qui croient les gestions privées plus efficaces, viennent suivre Moubarak le long de ces petits canaux … ils comprendraient, peut-être, que la résistance au désert ne peut pas reposer sur le « chacun pour soi ».

Or, les changements climatiques nous conduisent tout droit vers la rareté de l’eau que nous ne pourrons pas longtemps continuer à gaspiller en croyant que la solution consiste juste à en laisser le prix prendre l’ascenseur.

Jean-Paul BOURGÈS 27 avril 2022