Une chorale que de solistes

16 Janvier 2022

Il y a quelques mois, un événement étonnant s’est déroulé à Parme lors d’un récital de la soprano Lisette OROPESE dans le cadre du Festival Verdi. Comme elle chantait, seule sur scène, des airs d’opéra du compositeur italien … elle laissait parfois un temps d’arrêt correspondant à la partie de l’œuvre qu’aurait dû chanter un ténor, puis elle reprenait la partition quand cela concernait de nouveau sa voix. Soudain une forte voix de ténor se fit entendre dans le public, enchaînant sur ce qu'elle s'apprêtait à sauter et assurant ainsi, de façon totalement impromptue, la continuité de « La Traviata » que Lisette OROPESE interprétait seule jusque là.

Après quelques secondes de surprise de la chanteuse, bien sûr, mais aussi du public, le récital se poursuivit à deux voix avec ce spectateur-surprise et se termina dans un tonnerre d’applaudissements destinés à part égale à l’un et à l’autre.

Cette anecdote me fait rêver à une transformation de la piètre prestation que nous livre la chorale composée par nos hommes et femmes politiques, tous solistes, qui me semble surtout caractérisée par l’abondance des couacs et des voix de faussets.

Comme à Parme, en octobre dernier, une chanteuse que l’on avait prise pour une spectatrice simplement avertie, s’efforce, depuis les travées du public, de se mêler à la représentation sur un air guyanais … mais aucun des chanteurs ne semble décidé à démarrer un dialogue musical avec cette interprète … peut-être parce qu’elle travaille au noir.

Cette lamentable chorale mourra bientôt … et l’art lyrique n’y perdra pas grand-chose.

En tout cas, en constatant la mauvaise musicalité de cette équipe de branquignols, il est à craindre que l’autopsie de la chorale nous en apprenne des vertes et des pas mures, peu propices à une résurgence de l’esprit civique des Français.

Jean-Paul BOURGÈS 16 janvier 2022