Aller danser au bal des cocus ?

11/04/2021 11:14

En 2017, la gauche n’étant pas plus fière que ça d’un quinquennat commencé par « la finance comme seul ennemi » et se terminant par une guerre au Mali et le CICE, il apparut quand-même à beaucoup (Suffisamment pour élire un quasi-inconnu de moins de quarante ans) qu’entre Marine LE PEN et quelqu’un qui continuerait le hollandisme en le droitisant légèrement, il n’y avait pas photo.

Au cours des quatre années qui suivirent le sémillant jeune-homme a montré son inaptitude à gérer les crises politiques, économiques, internationales et sanitaires autrement qu’en se raidissant et aux antipodes de la notion de recherche de consensus que suggéraient les formules du « ni gauche, ni droite » et le « en même temps ».

Il n’existe guère de groupes qui, ayant exprimé des critiques raisonnables, n’aient pas eu droit à un déferlement de violence physique et/ou verbale. Sous trois ministres de l’Intérieur successifs on assista à une dérive progressive en direction de l’extrême-droite jusqu’à entendre celui qu’Emmanuel MACRON avait envoyé sur un plateau-télé pour « affronter » Marine LE PEN ne reprocher à celle-ci que sa « mollesse » après avoir signifié de façon insistante que rien ne les séparait.

Les flèches du président de la République et de l’aréopage des ministres et des responsables de son parti (Sans compter tous les moutons qui répètent en boucle ce qu’ils racontent) ne sont dirigées, depuis au moins deux ans, que contre tous ceux qui se trouvent à gauche de LREM. Cela repose sur les amalgames insensés de « l’islamo-gauchisme » ou, plus récemment, sur le « vert-bashing » consistant à faire passer les Verts pour des irresponsables dogmatiques et fanatisés correspondant au terme d’ayatollah.

Toute la partie de l’électorat qui représenta de 33 % à 50 % de ceux qui ont élu Emmanuel MACRON fut ainsi méprisée, vilipendée, régulièrement attaquée tandis que la droite et l’extrême droite furent valorisées par la mise en application de leurs thèses extrémistes et au profit des Français les plus privilégiés.

A un an de l’échéance présidentielle, il apparaît qu’Emmanuel MACRON ne sera par réélu sans la répétition du vote en sa faveur de la part de tous ceux qui voulaient barrer la route de L’Elysée à Marine LE PEN. Mais Emmanuel MACRON n’a oublié qu’une chose : on ne peut pas courtiser « en même temps » une chose et son contraire. Faute de choisir nettement son camp (Et on a vu, dans la conduite de l’Etat son incapacité viscérale à faire des choix … y compris lorsqu’il en résultera des dizaines de milliers de morts), il a perdu les voix de la gauche modérée qui ne peut pas obéir juste au son du canon quand on lui reproche de faire le jeu du Front National.

C’est donc à lui et à lui seul d’en tirer les conséquences puisqu’il s’agit des effets délétères de la politique qu’il a conduite.

Pour éviter la victoire du FN, qui serait, en effet, une chose désastreuse, il n’a qu’une solution honorable : ne pas se représenter et aider à l’émergence d’une candidature citoyenne de rassemblement de quelqu’un n’appartenant à aucun parti. Il reste un maximum de six mois pour cela … mais que ses soutiens l’entendent bien clairement : après avoir été traînés dans la boue, les électeurs de la gauche écologiste et sociale ne se rendront pas au bal des cocus auquel certains voudraient les conduire comme entre deux gendarmes.

Ce n’est pas comme cela que les citoyens veulent qu’on les traite

Si je refuse de choisir entre la peste et le choléra, c’est mon droit et ceux qui me cataloguent dans les « écolos-gauchistes » et « mauvais citoyen » à cause de cela n’ont sûrement pas pris le bon moyen pour me faire changer d’idée.

Jean-Paul BOURGÈS 11 avril 2021