Le groupe des pnictogènes

2 Mars 2021

Mes souvenirs de chimie étaient trop anciens … et, en plus, j’ai toujours été plus physicien que chimiste … et j’avais donc oublié ce qu’est un « pnictogène ». Ce mot vient de πνίγειν qui, en Grec, signifie « étouffer », « asphyxier ».

Dans la quinzième colonne de la classification périodique des éléments, celle des pnictogènes, on trouve l’azote qui ne nous étouffe pas et correspond à 80 % à l’air que nous respirons et qui est très présent dans beaucoup de substances organiques, mais aussi le phosphore que nous consommons, dit-on, quand on fait marcher notre cerveau … et des corps nettement plus dangereux comme l’antimoine, l’arsenic, le moscovium (Est-ce le produit fétiche de Vladimir POUTINE?) et le bismuth.

Un cristal de bismuth d’une mine de Bolivie

Pour camoufler ses manigances illégales, ce gros malin de Nicolas SARKOZY avait donc choisi d’usurper l’identité d’un paisible citoyen Israélien, Paul BISMUTH, en retenant le nom d’un élément ayant la propriété d’étouffer, d’asphyxier.

S’il s’imagina que cela lui permettrait d’étouffer les curiosités malsaines à son égard, il s’est, une fois de plus, lourdement trompé.

Mais quittons la galéjade chimique, que la joie de cette condamnation m’a suggérée.

Cette affaire comporte bien des aspects effarants.

Le premier à mes yeux, c’est le nom sous lequel l’affaire est connue. La presse unanime l’appelle « l’affaire des écoutes », c’est à peu près aussi clair que si, au lieu de dire que j’ai été acheter le pain, je disais « j’ai utilisé mes chaussures ». Les chaussures me servent à aller chez le boulanger, mais ce qui compte c’est le pain que j’en rapporte. Les écoutes ont permis d’avoir connaissance de la corruption d’un magistrat, Gilbert AZIBERT, conduite par Nicolas SARKOZY et son avocat, Thierry HERZOG. Il s’agit donc bien « d’une affaire de corruption » … c’est beaucoup plus simple à comprendre.

Le deuxième aspect c’est l’étonnement devant la première condamnation à de la prison ferme d’un ancien président de la République … que beaucoup de membres de « son UMP » considèrent encore comme un recours possible. Mais, bien avant cette première condamnation … car d’autres suivront vraisemblablement, son comportement de magouilleur est connu de tous … même s’il ne fut pas encore pris avec le doigt dans le pot de confiture. Il tombe sur une relative broutille (Al Capone était tombé sur une histoire de fraude fiscale et non pour trafics et assassinats) … à la condition de penser que c’est une broutille qu’un ancien président de la République, promette un poste flatteur à un magistrat s’il lui fournit des information confidentielles sur une affaire le concernant devant la Cour de Cassation.

Le troisième aspect, cohérent avec le deuxième, c’est l’opinion répandue et largement colportée par la presse que Nicolas SARKOZY fera appel et que, cette fois, il ne sera pas condamné. Cette façon de voir et de raconter les choses dénote bien le peu de respect que, collectivement, nous avons à l’égard de nos juges. Nous sous-entendons, là, que les juges qui viennent de se prononcer, après un long procès où tout fut passé au peigne fin, ne sont que des amateurs … alors que l’énoncé du jugement énumère, point par point, ce qui justifie cette condamnation.

Globalement nos réactions sont dignes d’une république bananière.

Jusqu’à ce que Nicolas SARKOZY interjette appel, il est, ce soir, réputé coupable … il redeviendra « présumé innocent » si l’affaire doit repasser en appel devant un autre tribunal.

Si dans d’autres dossiers, il était également condamné à de la prison ferme, son sursis de deux ans devrait être annulé et sa condamnation serait alors de trois ans de prison ferme.

Jean-Paul BOURGÈS 2 mars 2021