28 Janvier 2021
Il y a quelques jours, Mahmoud, un jeune Guinéen que je fais travailler toutes les semaines depuis un peu plus de trois ans et qui est maintenant en Terminale scientifique, m’a appelé parce qu’il n’était pas sûr de ses raisonnements lors d’un problème de Physique (Dans ces cas-là, il scanne le texte et me l’envoie par internet. Je traite le sujet sur une feuille de papier puis je le rappelle pour qu’on s’explique bien).
Dans le problème, il y avait une grosse étendue de nombreux panneaux solaires qui produisaient de l’électricité dans la journée. Cette électricité était débitée sur le réseau au profit de consommateurs, mais une partie servait à actionner des pompes qui remontaient l’eau d’une rivière jusqu’à une retenue d’eau située plus haut. La nuit, l’eau de la retenue faisait tourner des turbines qui entraînaient des alternateurs ce qui assurait donc la continuité de la fourniture d’électricité aux usagers. Bien sûr il y avait plein de calculs de rendement à faire et à combiner.
Or, ce matin j’ai lu un article du Monde qui correspond à ce que Xavier PIECHACZYK a expliqué à Barbara POMPILI, ministre de la transition écologique, il y a deux jours.
Il ne s’agit ni d’un fumiste, ni d’un « professeur Tournesol » en train de rêver puisqu’il s’agit d’une étude officielle de RTE (Réseau de Transport d’Electricité d’EDF). En résumant, cette étude démontre que d’ici trente ans il serait possible d’atteindre la neutralité carbone, alors-même qu’une grosse partie des centrales nucléaires devraient être progressivement arrêtées en raison de leur usure (Et non pas parce qu’elles seraient les victimes d’ayatollahs anti-nucléaires … ce qui, pour des cadres de haut niveau d’EDF serait fort surprenant).
La logique serait celle combinée de sources d’électricité issues de panneaux photo-voltaïques ne produisant donc que le jour, d’éoliennes produisant de jour et de nuit, mais moins la nuit car le vent faiblit sensiblement la nuit, en moyenne, du stockage d’énergie selon un schéma reposant sur la même idée que dans l’exercice de Mahmoud et d’un complément modulable dans le temps avec beaucoup moins de centrales nucléaires qu’aujourd’hui (Celles-ci assurent actuellement 70 % de notre consommation d’électricité). Au-delà de la neutralité carbone dans trente ans on pourrait alors poursuivre la part des énergies renouvelables d’une façon d’autant plus forte qu’on aura su stocker l’électricité dans des batteries gigantesques utilisant à fond les progrès extraordinaires que font actuellement ces appareils sous la pression de l’industrie automobile qui est en train de se convertir au tout électrique à un rythme très rapide.
Ce qui est le plus évident dans l’approche présentée à Barbara POMPILI, c’est que ceci n’est réaliste qu’au prix d’un effort considérable de modernisation du réseau de distribution et d’investissement très lourds et poursuivis de maintenant jusqu’à 2050 et au-delà. L’élément régulateur et de substitution au solaire lorsqu’il est éteint, ça pourrait peut être se trouver dans l’hydroélectrique où la France a un parc important … mais lui aussi vieillissant … et dans l’énergie marémotrice qui fonctionne nuit et jour, à la montée des eaux, comme à la redescente.
On ne se libérera pas des centrales à charbon, à fuel, à gaz et nucléaires, sans un effort colossal correspondant à un projet national de long terme. Aucun investisseur privé aujourd’hui n’est en état d’investir ni n'a intérêt pour une échéance aussi lointaine.
Ce n’est donc pas par dogmatisme marxiste et esprit anticapitaliste que j’affirme que si un dogmatisme doit se taire, c’est bien celui qui, partant de l’idée que le privé est toujours plus efficace que le public et que l’efficacité découle de la libre concurrence, exige aujourd’hui de privatiser les barrages construits autrefois avec de l’argent public … c’est à dire l’argent de tous les Français.
On ne relèvera pas ce défi sans un effort national qui ne peut être que sous le contrôle de l’État. Et, comme rien ne peut justifier et rendre admissible que l’on gaspille l’argent de l’ensemble des Français, si l’on a une « grande réforme » à faire c’est celle de démarches de pilotage démocratiques et performantes de grands projets. C’est possible et il faut que ce soit le challenge historique de la génération de ceux qui sont nés à partir de l’an 2000.
Il y a treize ans j’avais amené l’aîné de mes petits-enfants, Arthur, alors âgé de quatre ans et demi, voir un petit ensemble de cinq éoliennes situées à quelques kilomètres de « La Chaumette » en Ardèche. Il vient de commencer ses études supérieures en Physique-Chimie … ce sont les gens comme lui qui doivent s’engager dans cette voie car ça sera la bataille de survie du siècle.
Cette perspective n’est pas du vent … et elle est lumineuse. Il y faudra beaucoup de courage politique et une large indépendance à l’égard des détenteurs de capitaux, car leur intérêt est ailleurs.
Jean-Paul BOURGÈS 28 janvier 2021
Vivre est un village 28/01/2021 09:05
Jean-Paul 28/01/2021 09:14
Larry 28/01/2021 00:57