5 Avril 2020
Voici trois semaines que nous ne sortons presque plus (Samedi matin je suis allé faire des courses chez Auchan, à côté de chez nous … je n’étais pas sorti depuis une semaine et j’ai pris ma voiture, restée au garage depuis trois semaines, pour rapporter de quoi tenir une semaine de plus).
C’est dire si nous obéissons à la consigne de confinement … au point que je me demande si je ne serais pas devenu un robot, obéissant aux instructions d’un lointain donneur d’ordres, agissant sur mes neurones par des ondes électromagnétiques (Ceci n'est qu'un vieux reste de ma formation d'ingénieur Supélec, option radar-espace).
Dans ce contexte si nouveau, où nous commençons à apprendre les décès de personnes célèbres, ou de relations plus ou moins proches, un mot s’est de plus en plus imposé … c’est celui de transparence.
Pour calmer l’inquiétude ambiante, il est apparu indispensable de nous persuader qu’on ne nous cache rien … car ce qui inquiète le plus c’est toujours ce que l’on ignore mais dont on sait, ou croit, qu’on nous le cache.
N’est-on pas beaucoup plus serein face à la mort quand on est sûr, c’est mon cas, qu’il n’y a rien après … ou qu’une autre vie paradisiaque nous attend, comme d’autres le croient, au lieu d’être dans un doute tellement inconfortable ?
Ce qui est sûr, c’est que le doute met mal à l’aise … et conduit même à des comportements erratiques, fort gênants pour ceux qui dirigent la barque sur un océan agité.
Alors ils doivent nous persuader « qu’ils sont transparents ».
Je repensais à cette notion de transparence en voyant, un autre soir, l’immeuble en face du nôtre, derrière lequel le soleil se couchait. C’est en traversant l’immeuble que les derniers rayons du soleil arrivaient dans mon œil.
L’immeuble en face, à une bonne centaine de mètres de chez nous, était-il alors « transparent » ? Non, bien sûr, il laissait juste passer la lumière … autrement dit, il était translucide.
Les dirigeants actuels, et pas seulement ceux de France, ne sont pas du tout transparents, car il faudrait, alors, qu’ils se déclarent incompétents … puisqu’ils le sont; pris au piège des politiques qu’ils conduisirent avant ... puisqu’ils ne peuvent les imputer à personne d’autre; … et qu’ils avouent ne pas savoir où nous allons, mais ça on s’en est rendu compte tout seuls. Ils ne le peuvent pas sans « rendre leur tablier » … pour être remplacés par d’autres, pas forcément mieux armés … ou pas.
Alors ils se contentent d’être translucides, à défaut d’être extralucides et même tout simplement lucides.
Au travers des médias, nous voyons des lumières qui clignotent … mais, comme pour le soleil qui décline, elles sont de moins en moins brillantes et s’éteignent peu à peu … jusqu’au moment où nous serons tous plongés dans la nuit, jusqu'au réveil du lendemain, où notre amnésie nous amènera certainement à oublier le jour d'avant, tout à notre joie de revoir le soleil.
Jean-Paul BOURGÈS 6 avril 2020