Je préfère ...imaginer que ...

05/05/2019 15:14

Pour la vingt-troisième fois, un samedi (Pas n’importe lequel … un samedi de Pâques … traditionnellement l’occasion d’une pause générale) fut, comme depuis mi-novembre, marqué par des manifestations de Gilets-Jaunes dans de nombreuses villes de France.

Rien n’y fait. Les interdictions de manifester, une répression comme nous n’en n’avions jamais vue, la lassitude de manifestants que le soleil doit plus attirer hors qu’au centre des villes, les promesses présidentielles « d’avoir compris », l’incendie de Notre-Dame de Paris … qui sidéra totalement la France … rien n’empêcha le samedi 20 avril de ressembler aux vingt-deux samedis qui l’avaient précédé.

Ce soir, je me pris à rêver et à me dire qu’il n’est tout simplement pas imaginable que, marchant au-dessus des tuyaux des pompiers, Emmanuel MACRON, inondé de propositions de financements, avec renoncement aux avantages fiscaux liés aux dons … n’ait pas tiré les leçons de la crise majeure de son début de quinquennat.

Alors, parce que je n’aime pas imaginer le pire, je me mis à imaginer le discours que pourrait prononcer un vrai président de la République.

« Françaises, Français, le coeur de notre pays fut atteint par un incendie dont les conséquences ne furent limitées que par le professionnalisme et le courage de fonctionnaires se rendant au centre du brasier, alors que nous, responsables politiques, restions autour à en parler.

Les dégâts sont importants, mais réparables, et, alors que j’affichais ma volonté de reconstruction, ce sont des milliers d’entre vous qui, prélevant sur vos modestes ressources, indiquèrent leur volonté de contribuer à ce grand chantier que, sans en vérifier la possibilité, j’ai défini comme limité à cinq ans … pour le plus grand plaisir de mon amie, Anne HIDALGO, maire de Paris, qui pense aux prochains Jeux Olympiques.

Soudain m’est apparu le fait que notre grand Peuple est, peut-être, un peu Gaulois et réfractaire à mon « monde nouveau », mais généreux et attaché à son histoire. Il ne faut donc pas le jeter aux orties car, selon ce qu’on disait dans une célèbre émission, « Vous êtes formidables ».

J’ai aussi constaté, comme vous tous, que les grands patrons de notre pays n’ont eu nullement besoin de réunir les conseils d’administration des entreprises qu’ils dirigent pour disposer de sommes faramineuses, sans même avoir à recourir à des avantages fiscaux, pour financer la restauration de Notre-Dame de Paris. Je les pensais près de la faillite. Je ne m’étais pas rendu compte que c’était le pays qu’ils avaient mis en faillite par leur évasion fiscale. J’en tiendrai compte désormais.

Je comprends, enfin, que je n’entendais que ceux qui me côtoyaient jour après jour … et jamais ceux que, revêtus ou non d’un gilet-jaune, j’avais oubliés alors qu’ils sont cette grande majorité du peuple français, qui avait, pourtant, voté pour moi, il y a deux ans.

Désormais, moi qui ai été élu sur l’idée de changement, je vous annonce que tout va changer.

L’ISF va, bien sûr, être rétabli, car il s’agit d’une contribution modique et équitable … il a fallu que certains proposent de verser plus de cent fois ce que ça rapportait, pour que je prenne conscience de ma naïveté.

Les évadés fiscaux seront déchus de leur nationalité française.

Les ressources des plus fragiles … et, en particulier, des retraités seront non seulement garanties mais même revalorisées afin que chacun puisse vivre dignement.

Voir brûler Notre-Dame de Paris, qui devint patrimoine national après tant de combats politiques entre l’Église et les Laïcs, me fit prendre conscience de ce que nous devons à ceux qui nous ont précédés et dont les acquis, matériels et spirituels, ne peuvent pas être bradés, car ils ont une valeur inestimable.

Bien sûr Aéroport de Paris ne sera pas vendu … et nous réparerons Notre-Dame de Paris avec de l’argent public.

Françaises, Français, j’ai mis longtemps à comprendre et le passage par l’ENA ne m’a pas aidé (Je vais donc supprimer cette école). Il a fallu que je voie l’histoire de notre pays en train de se consumer devant mes yeux, pour saisir ce que le début de mon quinquennat avait pu avoir d’odieux pour de nombreux citoyens français aussi patriotes que moi … je leur demande de m’excuser et je m’engage à les représenter tous désormais ».

C’est ce que, m’étant assoupi sur mon canapé, je crus qu’Emmanuel MACRON allait dire lorsque les événements lui en laisseraient le loisir.

Dans ce rêve éveillé, je vis alors une tapisserie d’Aubusson représentant une « chasse au loup » naguère

C’est bon de rêver, parfois.

Hélas, « le loup membre du CAC 40 » est loin de sortir du bois d’autant que celui qui devrait le chasser veille surtout à le protéger.

Les loups modernes, ceux qui dévorent les bergères et les enfants en train de garder les troupeaux, ne sont pas ceux qui, partis du Mercantour, se réinstallent, peu à peu, en France … ce sont ceux qui, avec la complicité de leurs obligés, mettent notre pays en coupe réglée.

Jean-Paul BOURGÈS 21 avril 2019